Pour Serge Galam, physicien, spécialiste du désordre et inventeur de la « sociophysique », la victoire annoncée par les sondages de François Hollande à l’élection présidentielle de 2012 n’est pas garantie… Un mouvement en faveur de Nicolas Sarkozy partant de 1 à 2% d’électeurs pourrait encore avoir une grande influence.
Cet article est paru précédemment dans Jol Press : Pourquoi Nicolas Sarkozy pourrait encore gagner ?
Au début du mois d’Avril tous les Instituts de sondage créditaient pour le premier tour de l’élection présidentielle française, Jean-Luc Mélenchon de 17 % des votes et Marine Le Pen de 12 % des votes, et ceci depuis plusieurs semaines. Le résultat est que 48 h plus tard Jean-Luc Mélenchon recueille 11,11% contre 17,9% pour Marine Le Pen. Les commentateurs se sont contentés de déclarer que les sondages s’étaient trompés. La vérité est que les sondages tous concordants ne se sont pas trompés : trois jours avant l’élection, les Français auraient en effet voté comme il était prévu. Mais en quelques jours cette opinion s’est transformée. Pourquoi ?
Le phénomène de la baisse soudaine des votes pour Jean-Luc Mélenchon
Pour différentes raisons dont aucune n’a été corrélée à un évènement spectaculaire la tendance annoncée s’est inversée. Un certain nombre de sympathisants de Jean-Luc Mélenchon ont probablement voté « utile » ; la peur de l’insécurité a gagné les rangs de certains électeurs de droite qui ont voulu exprimer un message fort en votant pour Marine Le Pen. Mais là n’est pas l’essentiel, nous avons là une illustration claire de transformation d’opinion en un temps très rapide, due à des réactions en chaîne d’électeurs qui changent d’opinion, sans que ne se soit produit aucun évènement extérieur notable. Des changements brutaux de plusieurs pourcents en deux jours que les sondages ne pouvaient pas voir venir. En revanche, une fois ces changements survenus, les sondages peuvent les mesurer comme ce fut le cas dimanche.
La sociophysique et les mouvements d’opinion
Cette analyse provient des modèles de la sociophysique. Cette science récente qui applique aux mouvements sociaux les méthodologies de la physique du désordre n’en est qu’à ses balbutiements, mais peut néanmoins se targuer d’un certain nombre de petits succès qui, s’ils ne la valident pas définitivement comme établie scientifiquement, démontrent que ses fondements permettent une compréhension nouvelle de la dynamique d’opinion. En particulier, elle a mis en évidence le rôle déterminant d’individus inflexibles, même en tout petit nombre. Les équations montrent que dans certaines conditions, un changement de seulement un pour cent de la proportion d’inflexibles peut entraîner un basculement de plusieurs dizaines de pourcents d’opinion d’individus flexibles. Il existe aussi des dynamiques de seuils comme ce fut le cas pour l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002 que nos modèles avaient prévue.
La victoire de François Hollande n’est pas certaine
Nous sommes maintenant à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle française et tous les sondages accordent une victoire certaine à François Hollande. Nos modèles de « sociophysique » nous ont montré de nombreuses fois, qu’en quelques jours, une opinion peut se transformer. La surprise d’une victoire de Nicolas Sarkozy ne serait alors pas impossible. Tout comme la victoire de François Hollande ne serait donc en rien certaine, même s’il semble bénéficier aujourd’hui d’une nette avance sur son concurrent.
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