Les impressionnants empilements de rochers sur les îles d’Aran, en Irlande, auraient été façonnés par les tempêtes et non par les raz-de-marée, comme on le pensait jusqu’à présent.
Sur les trois îles d’Aran – Inishmore, Inishmaan et Inisheer – en Irlande, d’énormes rochers de plusieurs dizaines de tonnes étonnent les promeneurs. Perchés en haut de falaises ou au sommet de pentes douces, jusqu’à 250 mètres à l’intérieur des terres, ils forment des empilements atteignant six mètres de haut, s’étendant sur près de 15 kilomètres.
Ces énormes blocs de roche ont manifestement été arrachés aux falaises. Mais comment sont-ils arrivés là, jusqu’à 40 mètres au dessus du niveau de la mer ?
Les chercheurs pensaient que les vagues des tempêtes ne sont pas assez puissantes pour transporter ces rochers aussi haut et aussi loin à l’intérieur des terres. Seuls des raz-de-marées en seraient capables, mais il semble aussi peu probable que des tsunamis aient créé ces alignements, qui évoquent la limite des marées sur les plages. Faute d’une bonne compréhension du comportement des vagues percutant des falaises abruptes, avec des effets de réflexion et d’amplification, il n’est pas possible à l’heure actuelle de départager ces deux hypothèses par des simulations numériques.
Rónadh Cox et ses collègues du département de géosciences de Williams College aux États-Unis ont pourtant écarté l’hypothèse des raz-de-marées en surveillant le mouvement récent des blocs. En effet, le dernier tsunami répertorié est celui provoqué par le tremblement de terre de Lisbonne, en 1755. Des relevés photographiques pris entre 2006 et 2011, comparés entre eux et à des cartes topographiques très précises du XIXe siècle, ont mis en évidence des mouvements récents, postérieurs au séisme de 1755. Une datation au carbone 14 de restes de palourdes, Hiatella arctica, dans les fissures des rochers montre que les blocs les plus anciens ont environ 1 800 ans, tandis que les plus récents ont moins de 60 ans.
Pour R. Cox, si les raz-de-marées jouent un rôle dans l’érosion de la falaise et le transport des rochers, ils ne sont pas les seuls. Les tempêtes sur la côte des îles d’Aran sont probablement assez puissantes pour être à l’origine des empilements observés. La configuration du rivage, qui plonge abruptement dans la mer, permettrait en particulier à des vagues puissantes d’approcher des côtes sans être atténuées.
Soyez le premier à commenter