Le braconnage du littoral menace l’écosystème marin

Des milliers de chômeurs foncent chaque matin sur le littoral atlantique marocain en particulier entre Rabat et Casablanca pour collecter des tonnes de moules, une surexploitation qui menace l’écosystème marin de cette région très urbanisée.

Ces chômeurs venant des bidonvilles régionaux scrutent chaque jour la mer et attendent la marée basse au petit matin. Leur but: s’attaquer à la végétation marine et plus particulièrement aux moules.

 

Accrochés en bord de mer, les moules sont collectées à l’aide de petites barres de fer par cette armée de pêcheurs illégaux qui envahissent quotidiennement les côtes au vu et au su des autorités censées pourtant veiller sur la protection de l’écosystème marin.

Ces braconniers s’activent en toute impunité, les autorités fermant les yeux sur cette activité qui menace gravement l’écosystème marin.

« Nous ne pouvons pas arrêter cette activité informelle car nous n’avons rien à proposer en contrepartie à ces pêcheurs », a indiqué à l’AFP une source de la commune de Harhoura, station balnéaire proche de Rabat.

Les moules contribuent pourtant à préserver l’environnement marin. Elles filtrent certains organismes aquatiques, épurent l’eau en fixant des métaux sur leurs coquilles et améliorent l’offre en plancton pour les poissons et la flore marine.

Les côtes et les rochers au sud de Rabat « sont passés au peigne fin quotidiennement à l’image d’un crâne rasé », selon les termes d’une ONG environnementale.

Chaque pêcheur recueille environ 200 kg de moules qu’il revend au consommateur, une fois décortiquées, à 50 dirhams (4,5 euros) le kg. Le braconnier gagne ainsi entre 100 et 150 dirhams par jour (jusqu’à 13 euros).

Le nombre de ces pêcheurs qui évoluent quotidiennement entre Rabat et Bouznika (50 km au sud) n’est pas comptabilisé officiellement par les autorités mais selon une source à la préfecture de Rabat, il s’élèverait à plus de 2.000 personnes.

En saison basse, leur nombre diminue de moitié.

Contacté par l’AFP, le service de presse de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’Environnement (publique) n’a pas été en mesure de commenter la question de cette « surexploitation » des gisements de moules.

En été, l’armée de braconniers évolue par petits groupes. Elle est visible aussi bien le long des côtes que sur les routes où elle expose parfois sous un soleil torride la vente des collectes de moules.

« Une longue exposition des moules au soleil altère ce produit et peut être un danger pour la santé du consommateur », affirme à l’AFP le médecin Abdelaziz Ben Ameur de Rabat.

« Je me battrai jusqu’à la mort »

Très prisées par les Marocains, surtout pendant le ramadan, la moule est consommée sous forme de tajines (plat à la sauce tomates, aux oignons, à l’ail et au persil) ou sous forme de moule marinée à l’oignon et au citron.

Brahim Touil, braconnier connu à Témara (sud de Rabat), défend son activité en affirmant que grâce à elle il nourrit sept personnes.

« Si on essaie de m’empêcher de collecter les moules, je me battrai jusqu’à la mort », assène-t-il auprès de l’AFP.

Selon l’Institut national des ressources halieutiques, « l’exploitation des ressources du littoral est soumise à une réglementation et à une autorisation ».

« Les règles de la collecte des moules doivent être respectées », malheureusement elles « ne le sont pas », a déclaré à l’AFP le directeur de cet institut, Mustapha Faïk.

Selon Rachid Choukri, responsable au ministère de l’Environnement, la loi des études d’impact sur l’environnement au Maroc n’évoque pas le cas de ce secteur informel.

« Aucune autorité ne gère ce secteur et il est temps que les pouvoirs publics ouvrent ce chantier et ce pour le bien de nos ressources halieutiques », affirme-t-il.

AFP

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