Selon une étude dirigée par un groupe internationale de biologistes et paléoanthropologues, l’humain n’aurait pu survivre comme il l’a fait sans désactiver deux gènes ayant une incidence sur le système immunitaire.
L’espèce humaine a failli disparaître il y a entre 200.000 et 100.000 ans. A cette période, la population humaine s’est effondrée à un nombre critique de 5.000 à 10.000 individus. Différentes hypothèses existent pour expliquer ce phénomène, notamment les changements climatiques, des événements naturels (éruption volcanique) ou même des évolutions culturelles (langage).
Toutefois, une nouvelle théorie vient d’être proposée par un groupe international de 13 biologistes et paléoanthropologues. Pour ces scientifiques, un facteur fondamental est à prendre en compte pour expliquer l’état critique auquel est arrivée la population humaine de l’époque : les maladies infectieuses.
Ainsi, dans la revue Proceedings of National Academy of Sciences, Ermanno Rizzi, jeune chercheur de l’Institut de Technologies Biomédicales du Cnr (Centre national des recherches), explique « qu’il y a environ 100.000 ans, une mutation entrainant la désactivation de deux gènes ayant une incidence sur le système immunitaire s’est diffusée au sein de notre espèce. Cette évolution a permis une meilleure protection contre certaines souches bactériennes comme Escherichia Coli K1 et des streptocoques du groupe B « . Or, « ces bactéries constituaient la principale cause de mortalité des fœtus et des nouveaux nés« .
Des recherches menées sur l’ADN antique grâce à l’utilisation de technologies de séquençage ultra-massif de dernière génération (« Next Generation Sequencing ») ont permis de découvrir « deux gènes qui ne sont plus fonctionnels chez les êtres humains, alors qu’ils le sont chez les primates les plus proches de nous, et qui auraient pu être la cible de bactéries pathogènes létales pour les nouveaux nés et les enfants« , souligne M. Rizzi. « La mort des plus petits peut avoir eu un impact significatif sur la capacité reproductive de notre espèce. La survie de l’espèce a pu être liée au développement d’une résistance au pathogène ou à l’élimination des protéines que le pathogène utilise pour prendre le dessus« .
C’est ce qui serait arrivé chez nos ancêtres avec une mutation génétique entraînant la désactivation de deux récepteurs de l’acide sialique qui régulent les réponses immunitaires. Le gène codant pour la protéine Siglec-13 notamment ne fait plus partie de notre génome, alors qu’il est encore présent et fonctionnel chez les chimpanzés. Le gène codant pour la protéine Siglec-17, lui, s’exprime encore chez les êtres humains, mais a été légèrement modifié et détermine une protéine plus courte, sans aucune utilité pour les agents pathogènes, rapporte techno-science.net.
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