L’accent des chèvres

Les chèvres d’un même groupe développent un même « accent ». Leur bêlement n’est donc pas complètement déterminé par des facteurs génétiques.

Qui s’assemble se ressemble, et des individus vivant en groupe développent souvent des traits comportementaux communs. Ainsi, les humains qui grandissent dans une même région acquièrent un même accent. Ils ne sont pas les seuls : Elodie Briefer et Alan McElligott, de l’Université Queen Mary, à Londres, ont montré que c’était aussi le cas de chèvres élevées ensemble.

Les chèvres vivent en groupes composés de quelques femelles et de leurs petits. Les biologistes ont analysé certains de leurs cris, nommés appels de contact, qui leur servent à se reconnaître en cas de séparation. Ils ont conclu que les chevreaux génétiquement liés ont des appels voisins, ce qui était attendu :

le cri dépend en partie de critères anatomiques, telle la configuration de l’appareil vocal, et donc de facteurs génétiques. Mais ils ont aussi montré que les chevreaux d’un même groupe, qu’ils soient issus des mêmes parents ou non, développent des accents similaires : leurs cris sont de plus en plus semblables au fil du temps. En termes plus scientifiques, la distribution d’énergie dans le spectre du signal et divers autres paramètres acoustiques convergent. Les chèvres apprennent donc à moduler leur cri en fonction de leur environnement social.

D’autres espèces étaient déjà connues pour avoir une certaine plasticité vocale. Les oiseaux, les chauves-souris, les éléphants et les baleines, par exemple, vont jusqu’à imiter des sons totalement nouveaux pour eux. Cette capacité est particulièrement élaborée chez trois ordres d’oiseaux, les oiseaux chanteurs, les perroquets et les colibris.

En comparaison, les chèvres ont des cris assez simples et une plasticité vocale limitée, puisqu’elles ne font que modifier légèrement leurs vocalisations pour les faire ressembler à celles de leurs congénères : on parle de convergence des appels. L’étude d’E. Briefer et d’A. McElligott révèle que même des cris aussi simples ne sont pas complètement déterminés par la génétique et sont influencés par un apprentissage social. Une telle plasticité vocale primitive pourrait être répandue dans le monde animal. Ce serait l’un des premiers échelons sur l’échelle des capacités d’apprentissage vocal.

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