Le silence des gènes expliqué

Deux équipes ont dévoilé les mécanismes intimes par lesquels un microARN inhibe la traduction d’un ARN messager.

Les microARN sont des petites molécules d’ARN dites non codantes, car elles ne sont pas traduites en protéines. On en trouve dans le génome de la plupart des eucaryotes (organismes dont les cellules ont un noyau), où elles jouent un rôle important dans le contrôle de l’expression des gènes. Ainsi, un microARN qui s’associe à sa cible, un ARN messager (noté ARNm, cet ARN code une protéine), l’empêche d’être traduit en protéine.

 

Cependant, on ignorait le détail de cette répression : s’agit-il d’un simple blocage, ou bien l’association microARN et ARNm conduit-elle à la dégradation de l’ARNm ? Deux équipes, celle de Sergej Djuranovic, de l’Université John Hopkins, et celle de Ariel Bazzini, de l’Université Yale, toutes deux aux États-Unis, ont tranché le débat et ont précisé les étapes de ce mécanisme essentiel par lequel des gènes sont réduits au silence.

Le premier groupe s’est intéressé à la cinétique des événements dans des cultures de cellules issues de mouches drosophiles. Le second a étudié le fonctionnement des microARN chez le poisson zèbre (Danio rerio). Leurs travaux montrent que, d’abord, un microARN bloque la traduction d’un ARNm, puis, qu’ensuite, cet ARNm subit une transformation nommée déadénylation qui consiste en l’élimination de la queue poly(A), une succession de nombreux nucléotides de type adénosine (A) située à l’une des extrémités des ARNm. Cette queue poly(A) est essentielle au déclenchement de la traduction (elle participe au recrutement du ribosome) et à la stabilité de l’ARNm : la durée de vie d’un ARNm dans le cytoplasme est d’autant plus longue que cette queue l’est aussi. Aussi, son élimination conduite par le microARN entraîne la rapide dégradation de l’ARNm.

On en déduit que le microARN agit grâce à deux mécanismes indépendants, le blocage de la traduction et la déadénylation. Cela afin de maximiser la répression de l’ARN cible, et donc du gène correspondant. L’importance de chaque processus dépendrait du microARN concerné, mais aussi du type de cellule.

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